Cardinal Ratzinger : Ma vie, souvenirs, 1997

Quand la liturgie est quelque chose que chacun fait de lui-même, alors on n’y trouve plus ce qui est sa vertu propre : la rencontre avec le mystère, lequel n’est pas notre ouvrage, mais est notre origine et la source de notre vie.

Une rénovation de la conscience liturgique, une réconciliation liturgique qui reviennent à reconnaître l’unité de l’histoire de la liturgie et comprennent Vatican II non comme une rupture, mais comme un moment évolutif, sont d’une urgence dramatique pour la vie de l’Eglise. Je suis convaincu que la crise ecclésiale dans laquelle nous nous trouvons aujourd’hui dépend en grande partie de l’effondrement de la liturgie, qui souvent est carrément comprise « comme si Dieu n’existait pas », comme si n’avait plus d’importance le fait que Dieu soit là, qu’il nous parle et nous écoute. Si dans la liturgie n’apparaît plus la communion de la foi, l’unité universelle de l’Eglise et de son histoire, le mystère du Christ vivant, où donc l’Eglise se manifestera-t-elle encore dans sa substance spirituelle ? La communauté se célèbre alors elle-même, sans que cela en vaille la peine. Et, étant donné que la communauté en elle-même n’a pas de subsistance, mais qu’en tant qu’unité, elle a son origine dans la foi du Seigneur lui-même, il devient inévitable dans ces conditions qu’on en arrive à l’explosion en partis de toutes sortes, à une opposition partisane au sein d’une Eglise qui se déchire elle-même.

C’est pourquoi nous avons besoin d’un nouveau mouvement liturgique, qui redonne vie au vrai héritage du concile Vatican II.

Retour en haut